

500 ans de poésie pour la mélodie française
Baptiste Tricot | Piano
Présentation
Quand Ravel et Françaix composent sur les poèmes de Marot, ils n’ignorent pas que cette langue de la Renaissance est déroutante pour leurs contemporains ; lorsque nous-mêmes entrons en contact avec ces poèmes, il y a fort à parier que nous commençons par trébucher. Mais bientôt nous découvrons un style tour à tour grinçant, affligé, léger ou amoureux ; cette poésie sera bientôt suivie par le mouvement de la Pléiade, qui répond à une volonté de renouvellement et d’unification de la langue française.
Les décalages et associations de mots et d’images échappant à la logique (« Une ruine coquille vide pleure dans son tablier ») de la poésie surréaliste de Paul Eluard ne paraîtront pas spontanément proches du style de Marot. Cependant les mots sont simples, les images sont fortes, mais rien n’est « compliqué » ni volontairement hermétique. En fait, comme lorsqu’on entend les épigrammes du XVIe siècle, quelque chose nous parvient de net, d’intime et précis qui s’infuse en nous. Au-delà des styles, des époques et des savoureux décalages que le temps a créés, c’est ainsi la disposition d’invention langagière définissant l’écriture poétique qui nous frappe.
L’on parlera également en ces termes des écrits de Dominique Quélen, Pierre Alferi, Elena Andreyev et Valerio Magrelli, qui instillent chacun à leur façon une confusion qui nous laisse sans prise… leurs poèmes échappent au lecteur tout en le rattrapant.
Mais alors, quelle est donc la force mystérieuse qui attire les musiciens vers ces textes ? Ravel dans une lettre à Jules Renard (autre auteur littéraire) définit sa musique comme « sentimentale, instinctive » ; Poulenc nous dit que « [son] canon, c’est l’instinct », et Pesson évoque « l’alchimie » et « l’intuition » dans la lecture d’un texte poétique et l’écriture d’une musique à partir de celui-ci.
Nous explorerons donc ces réseaux souterrains… aidés en chemin par d’autres poèmes, non chantés, comme des repères voilés.
Programme
- Maurice Ravel (1875–1937)
Deux épigrammes de Clément Marot |
D'Anne qui me jecta de la neige. Très lent
D'Anne jouant de l'espinette. Très léger et d'un rythme précis - Jean Françaix (1912–1997)
L’adolescence clémentine (cinq poèmes de Clément Marot | 1941
De Jan-Jan
Mon Coeur Est Tout Endormy
D'une Vieille Dame Fort Pale et D'un Vieil Gentilhomme
Complainte
Avant Naissance - Francis Poulenc (1899-1963)
Tel jour telle nuit, FP 86 (textes de Paul Eluard) | 1936-1937
Bonne journée
Une ruine coquille vide
Le front comme un drapeau perdu
Une roulotte couverte en tuiles
À toutes brides
Une herbe pauvre
Je n’ai envie que de t’aimer
Figure de force brûlante et farouche
Nous avons fait la nuit - Gérard Pesson (1958-)
Solitaire mikado | 2015
Signore, spremi bene (poème de Valerio Magrelli)
For Aurora (poème de Elena Andreyev)
Pas dans le bois (poème de Dominique Quélen)
Ce trou est un oeil (poème de Dominique Quélen)
Anaglyphe (poème de Pierre Alferi)
Moins qu'un accord (poème de Pierre Alferi)
500 ans de poésie pour la mélodie française
Jeudi19
Mai
2022 12:30
Adresse
Petit Palais, Auditorium Avenue Winston Churchill75008 Paris