Présentation

Commencée au cours de l'année 1852, achevée à Weimar en 1853, Franz Liszt dédie sa Sonate en si mineur S. 178 à Robert Schumann. Elle se situe à une période charnière de sa vie créatrice : la pensée prend manifestement le pas sur la virtuosité. Ecrite en un seul mouvement, c'est une œuvre cyclique marquant un bouleversement complet du genre: elle plie et adapte inexorablement le moule traditionnel de la forme sonate à de nouvelles exigences de l'expression, non sans un formidable travail architectural, une fantastique dramatisation de tous les éléments du discours.

Alexandre Scriabine est un pianiste et compositeur russe, à la charnière entre le XIX^e siècle et le XX^e siècle. Personnalité complexe et contradictoire, son œuvre est imprégnée des considérations philosophico-mystiques et d’un sentiment romantique exalté : pour Scriabine, la musique est un moyen de libération, capable de transformer l’homme et l’univers.

En proposant dans un même programme des œuvres de Scriabine ainsi que la Sonate de Liszt qui a poussé aux extrêmes les limites de cette grande forme, Josquin Otal nous permet de voir à quel point le compositeur hongrois a ouvert de grandes portes aux compositeurs du XX^e siècle.  En effet, Scriabine s'inscrit dans le prolongement du principe romantique lisztien en transformant la sonate en un poème aux épisodes et aux idées multiples, sans préjudice d'une forme rigoureusement étudiée et équilibrée.