Présentation

Jeux de timbres

Avec ce programme, nous avons souhaité regrouper les plus belles pages écrites pour flûte et cordes.

À l’époque de Mozart, le genre du quatuor pour vents et cordes répond, tout comme les autres formations mixtes pour très petit ensemble, aux nouveaux désirs d’un public restreint. Celui-ci recherche une musique de chambre plus fine que la sérénade symphonique et le divertimento… tout en restant en bonne compagnie. Ce genre demeure donc galant mais s’émancipe discrètement des autres formes.

Mozart s’empare de cette formation particulière pour écrire un adagio d’une nostalgie rare, considéré comme l’un des plus beaux mouvements lents du compositeur. Beethoven excelle également dans le mélange des timbres avec sa Sérénade pour flûte, violon et alto qui est, à l’époque, une des premières pièces de musique de chambre écrites sans basse. Il nous livre une œuvre pleine de fraîcheur, de joie et de dialogues malins entre les trois instruments.

Cent-cinquante ans plus tard, c’est au tour de Roussel de s’attaquer à ce genre indépendant qui offre une immense palette sonore grâce à la mixité des types d’instruments. Et là aussi l’auditeur peut apprécier une musique joyeuse et entraînante aux timbres clairs, caractéristiques de Roussel. Dans le mouvement central le compositeur explore cependant une intimité expressive plus sombre grâce à la présence du violoncelle.

Le duo pour flûte et violoncelle Musique pour Ming de Tanguy est une pièce que nous avons découverte il y a quelques années et qui nous a particulièrement plu. Les timbres de la flûte et du violoncelle s’entrelacent, puis s’éloignent dans des registres aux antipodes, et enfin se rejoignent pour ne former qu’une seule voix… Ici aussi, l'exploration des timbres nous emporte.

Mathilde Caldérini

©Jean-Baptiste Millot