

Confrontation de deux géants
Présentation
Beethoven et Debussy, deux compositeurs faisant référence dans l’histoire de la musique et ayant été chacun source majeure d’inspiration pour leurs successeurs, sont rassemblés dans ce programme. Il ne semble pourtant pas évident de les associer, tant leurs musiques sont dissemblables, mais ne pourrait-on pas considérer une forme de complémentarité à travers leur divergence aussi bien esthétique que de moyens techniques, et trouver une jonction des deux univers autour de la notion du sublime ?
La Sonate n°13, op 27 n°1, de Beethoven, est précisée « Quasi una fantasia » : il s’agit d’expérimenter et d’intégrer des gestes caractéristiques de l’improvisation à la sonate. L’originalité de cette œuvre se manifeste ainsi, entre autres, dans l’absence d’interruption entre les mouvements, dans la profusion d’idées mélodiques, rythmiques, d’indications de nuances, et dans la diversité du phrasé. Ces éléments incarnent le caractère révolutionnaire de la musique de Beethoven, occupé, au moment de la composition de cette sonate (en 1800-1801), à l’écriture de la musique du ballet Les créatures de Prométhée.
La Sonate n°27, op 90, composée en 1814 par Beethoven, est dédiée au comte Moritz von Lichnovsky, et selon A. F. Schindler elle illustre le mariage du comte en dépit des réticences familiales. Les deux mouvements opposent le mineur au majeur, un matériau fait de motifs contrastés et développés à un thème chantant de rondo-sonate. Que l’anecdote soit juste ou non, l’opposition franche entre les deux mouvements laisse volontiers imaginer une signification de nature idéale derrière la musique.
Plusieurs éléments, de nature musicale comme biographique, conduisent à penser que Masques, D’un cahier d’esquisses et l’Isle Joyeuse, composées par Debussy en 1903-1904, éditées comme trois pièces isolées, étaient conçues pour former un triptyque, dans cet ordre, identifié par le pianiste et musicologue Roy Howat comme une « seconde Suite Bergamasque ». L’inspiration de ces pièces (ainsi que leurs titres l’indiquent) suppose une référence à Watteau et Verlaine.
La 1ère série des Images fut achevée en 1905, après La Mer. Comme le suggère le titre, on peut supposer que la musique évoque une réalité optique, et paradoxalement serait donc une traduction sonore du silence ; ou plutôt s’agirait-il d’une musique intérieure. Évoquant son travail acharné sur les Reflets dans l’eau, Debussy écrit qu’il « a résolu de composer sur des données nouvelles et d’après les plus récentes découvertes de la chimie harmonique », propos que l’on peut, de toute évidence, étendre à tout le recueil.
Programme
Confrontation de deux géants
Jeudi20
Septembre
2018 10:30