Présentation

Les suites oubliées de Roland Marais

On ne peut évoquer la viole de gambe sans songer à Marin Marais, l’un des plus illustres violistes du Grand Siècle, virtuose fondateur de la nouvelle école de viole, qui gagna la confiance de Lully et Louis XIV. Mais qui connaît son fils Roland Marais, lui aussi violiste, qui publie pourtant deux livres de Pièces de Viole au moment où Rameau fait paraître ses Pièces de Clavecin en concert ?

Ce programme propose de remettre au jour ce musicien injustement oublié dont le talent fut avec le temps éclipsé par la notoriété du père. Roland Marais, certes beaucoup moins prolixe que Marin, nous livre cependant des pièces sensibles toutes en subtilités et richesses harmoniques ; son style s’inscrit dans l’héritage familial, sous la forme traditionnelle de la suite, mais prend comme son père, à partir de son Quatrième Livre, des licences au niveau de l’enchaînement habituel des danses. Ces pièces aux sous-titres fantasques sont tour à tour mélancoliques ou fougueuses.

Ces suites de Roland Marais seront mises en regard avec des pièces du père Marais, que l’on surnommait « l’Ange », et avec deux pièces des Forqueray, l’une officiellement du « Diable » Antoine, et l’autre de son fils Jean-Baptiste. Ces deux pièces, publiées après la mort du père par Jean-Baptiste, furent vraisemblablement composées par ce dernier, qui se serait servi du nom d’Antoine pour sa renommée, après avoir été emprisonné et banni du royaume de France par ce père jaloux, illustrant bien là les relations tumultueuses et la difficulté de se faire sa place lorsque l’on appartient à une lignée de musiciens.

Louise Pierrard