Concert

D’un matin de printemps

Hugo Meder |
Bo-Geun Park |
Virgile Roche |
Trio Pantoum |

Présentation

À travers ce concert, nous avons souhaité représenter les rapides bouleversements stylistiques de la musique française au tournant des XIXe et XXe siècles avec trois compositeurs de générations différentes et aux styles bien distincts, bien que contemporains les uns des autres : Camille Saint-Saëns le romantique, son élève Gabriel Fauré au langage beaucoup plus original, et enfin Lili Boulanger, étudiante de ce dernier, au regard résolument tourné vers l’avenir.

Peu avant de disparaître brutalement le 15 mars 1918 à l’âge de 24 ans, celle-ci a composé deux pièces que l’on ne peut comprendre l’une sans l’autre, même s’il est possible de les exécuter séparément : D’un soir triste et D’un matin de printemps. Elles représentent les deux versants psychologiques de la compositrice – tout comme le titre de l’une de ses mélodies, « Elle est gravement gaie ». Malgré leurs caractères opposés, les deux morceaux partagent le même rythme à trois temps, la même couleur harmonique modale et surtout le même thème mélodique. Lili Boulanger les a orchestrés peu après leur composition. Ce sont les dernières œuvres que la musicienne a pu écrire sans le secours de sa grande sœur Nadia.

Le trio avec piano op.120, écrit en 1923, est aussi l’une des dernières œuvres de son compositeur. Gabriel Fauré a conçu l’Allegro ma non troppo avec la simplicité souveraine de celui qui n’a plus rien à prouver : le mouvement chante avec naturel, accompagné d’un piano fluide et dépouillé. Dans le céleste Andantino, les trois instruments tissent une mélodie infinie, changeant régulièrement de rôle, sur des évolutions harmoniques d’une subtilité rare qui conduisent à la réexposition, sommet émotionnel de toute la partition. L’Allegro vivo est un scherzo impétueux, virtuose et brillant, dont l’expression hésite entre le jeu et l’inquiétude.

Composé en 1892, le deuxième trio de Saint-Saëns adopte une coupe inhabituelle en cinq mouvements. Les deux Allegro, plus longs, enserrent l’Andante formant l’axe central, et deux intermèdes plus légers (Allegretto dans une étonnante mesure à cinq temps, Grazioso poco allegro au rythme de valse). Le premier mouvement, « bien noir de notes et de sentiment » comme le souligne Saint-Saëns, ouvre le Trio avec une expression passionnée. Le badinage claudiquant de l’Allegretto est interrompu par deux épisodes volubiles et virtuoses. Dans l’Andante con moto, les instruments dialoguent sur un motif obsédant. Le compositeur Charles Lecocq décrit le quatrième mouvement en ces termes : « L’enfant de la maison qui vient montrer le bout de son nez rose et retroussé. On voudrait le chasser, mais il est si gentil qu’on l’écoute en le caressant. » Il admire particulièrement le finale rhapsodique, « une merveille de facture, et sans en avoir l’air, car tout s’y déduit avec un tel naturel qu’on dirait une improvisation. »

Programme

  • Lili Boulanger (1893-1918)
    D'un soir triste | 1917-1918
  • Lili Boulanger (1893-1918)
    D'un matin de printemps | 1917
  • Gabriel Fauré (1845-1924)
    Trio pour piano, violon et violoncelle en ré mineur, op.120 | 1922
    Allegro non troppo
    Andantino
    Finale : Allegro vivo
  • Camille Saint-Saëns (1835-1921)
    Trio pour piano n°2 en mi mineur, op.92 | 1891-1892
    Allegro non troppo
    Allegretto
    Andante con moto
    Gracioso, poco allegro
    Allegro

D’un matin de printemps

Samedi
11
Juin
2022
20:00

Adresse

Hôtel de Soubise, Archives nationales 60 rue des Francs Bourgeois
75003 Paris
(Hôtel de Ville, 1)+(Rambuteau, 11)
(Archives - Rambuteau, 75)+(Archives - Rambuteau, 29)