Présentation

La Sonate en mi mineur pour violoncelle et piano de Brahms figure parmi les œuvres les plus emblématiques du répertoire de musique de chambre. Chostakovitch, quant à lui, nous offre une sonate aux aspects contrastés, entre lyrisme et sarcasme, telles que le sont la plupart de ses œuvres. Ces deux monuments à succès représentent largement leurs compositeurs, et sont fidèles à leurs états d’âme.
Une particularité, ceci étant dit, nous intrigue et nous a grandement poussés à proposer ces deux œuvres dans un seul et unique programme de concert. Les sonates de Brahms et Chostakovitch ont été composées respectivement en 1862 et 1934, alors que les deux génies étaient âgés de 29 et 28 ans. Il est important de dire, qu’ayant quasiment vécu jusqu’à 70 ans pour l’un, et plus longtemps encore pour l’autre, ces deux œuvres sont des œuvres de jeunesse.
En effet, la Sonate en mi mineur de Brahms est la première qu’il compose, 24 ans avant sa deuxième sonate. Marquée par une mélancolie ainsi qu’une violence passionnelle, l’œuvre du compositeur se caractérise parfois par une instabilité déroutante. On y retrouve toute la fougue du jeune Brahms, brute et sans concession : « Le jeune Brahms était dur, parfois jusqu’à la brutalité, il aimait s’exprimer de façon directe, en contrastes soudains et spontanés, au risque de ne pas être compris, chose qu’il acceptait ».
Chostakovitch présente lui aussi de nombreuses similitudes dans sa Sonate. Alternant sans cesse les contrastes, à l’image du premier mouvement lyrique rappelant la musique de Tchaïkovsky et Rachmaninoff, la violence assumée dans le deuxième mouvement ou encore l’ironie palpable dans le dernier mouvement, l’œuvre est une succession d’états expressifs qui renforce le côté instable du compositeur.
Comme un clin d’œil à ces deux œuvres, la pièce virtuose, Encore, de Jérôme Ducros, composée à 26 ans, est un condensé de sentiments ; nous aurons plaisir à la jouer pour conclure ce programme.