Concert

Le tourment des émotions

Rachel Sintzel |
Irène Jolys |
Melvil Chapoutot |
Trio Parrhèsia |

Présentation

Le Trio n° 3 de Ludwig van Beethoven est habituellement considéré comme la plus réussie des trois œuvres de l’opus 1, dans le ton caractéristique de do mineur. Curieusement, lors de la première audition de ces trios chez leur dédicataire, le prince Lichnowsky, c’est sur ce trio en do mineur que Haydn crut bon d’émettre quelques réserves. Cependant, s’il conseilla vraiment à Beethoven de ne pas le publier, c’était peut-être moins un signe de désapprobation qu’un conseil d’ami mettant en garde le jeune musicien face à l’éventualité d’un mauvais accueil du public. L’œuvre marque en effet une nette prise de distance de Beethoven par rapport à ses grands devanciers. C’est particulièrement frappant dans les deux magnifiques mouvements extrêmes, pleins d’élan, d’accents dramatiques et de contrastes dynamiques déjà très caractéristiques du langage du compositeur. Le menuetto quasi allegro lui-même, avec ses changements d’humeur abrupts, dénote une personnalité tout à fait originale, et si les cinq variations de l’andante cantabile qui précède sont, elles, beaucoup plus « classiques », il ne fait pas de doute que les heureux premiers auditeurs eurent ce jour-là le sentiment d’avoir assisté à l’émergence d’un grand musicien.

Le 13 février 1944, Dmitri Chostakovitch écrit à son ami Isaac Glikman : « Je t’adresse mes condoléances les plus chaleureuses pour le décès de notre ami le plus cher et le plus proche, Ivan Ivanovitch Sollertinski. Ivan Ivanovitch est décédé le 11 février 1944. Ni toi ni moi ne le verrons plus jamais. Je n’ai pas de mots pour exprimer la douleur qui déchire tout mon être. Que sa mémoire soit éternelle grâce à notre affection pour lui, à notre foi en son talent, son génie, en son amour phénoménal de cet art auquel il a consacré toute sa vie merveilleuse : la musique. […]». Il s’agit d’une œuvre cyclique, complètement élégiaque, sur des thèmes Juifs (apocryphes ou non) de la danse des morts, en quatre mouvements : une ouverture au violoncelle seul, relayé dans une ambiance chromatique de désolation, instable, le second (célèbre) sardonique, chaloupé et débridé, le troisième, lente passacaille funèbre sur les 8 accords énoncés d’emblée par le piano (émouvant), le quatrième, danse macabre et sarcastique ; cette œuvre représente très certainement un sommet de l’émotion.

Ces deux œuvres sont donc des condensés d’émotions fortes, elles peuvent même résonner comme des chocs. Chacune évoquant d’une manière très juste les signatures si authentiques des tempéraments de ces deux compositeurs, qui ont été chacun pour leurs époques, des sortes de révélation, de « coups de tonnerre » artistiques.

Programme

  • Ludwig Van Beethoven (1770 – 1827)
    Trio avec piano n°3 en do mineur, op.1 | 1793 – 1795
    Allegro con brio
    Andante cantabile con variazioni
    Menuetto. Quasi allegro
    Finale. Prestissimo
  • Dmitri Chostakovitch (1906 – 1975)
    Trio avec piano n°2 en mi mineur, op.67 | 1944
    Andante
    Moderato
    Allegro con brio
    Largo
    Allegretto

Le tourment des émotions

Samedi
14
Janvier
2023
20:00

Adresse

Hôtel de Soubise, Archives nationales 60 rue des Francs Bourgeois
75003 Paris
(Hôtel de Ville, 1)+(Rambuteau, 11)
(Archives - Rambuteau, 75)+(Archives - Rambuteau, 29)