

Le Tombeau de Couperin
Présentation
Jean-Philippe Rameau et François Couperin sont deux figures majeures de l’école française baroque, et relativement opposés musicalement. Le premier, considéré comme un harmoniste et théoricien prodigieux, pense sa musique de manière orchestrale en termes de timbres et de couleurs (il demeure le premier grand orchestrateur de l’histoire de la musique avant Haydn). Couperin quant à lui, adopte une écriture plus étroitement liée à l’instrument, davantage en demi-teinte. Il déclare d’ailleurs : « J’avoue de bonne foi que j’aime mieux ce qui me touche que ce qui me surprend ».
Si je voulais rebondir sur cette citation, je dirais, en parlant des deux compositeurs, que leur musique touche, et surprend tout autant. C’est pourquoi je suis très heureux de les mettre à l’honneur dans ce récital, dédié intégralement à la musique française. Se pencher sur ce répertoire en tant que pianiste est une chose passionnante, et délicate : si l’approche instrumentale diverge totalement de celle du clavecin, l’approche stylistique, elle, reste la même, ainsi que le rapport à l’authenticité des œuvres. Ce souci d’authenticité, cette responsabilité dont se charge l’interprète ne doit surtout pas l’empêcher d’offrir à l’auditeur une écoute différente d’une œuvre. Chercher à imiter le clavecin n’aurait ici aucun intérêt. Il s’agit de rendre grâce à cette musique en exploitant toutes les ressources du piano moderne (diversité de nuances et d’attaques, utilisation de la pédale de résonance, etc…), pour faire ressurgir les audaces harmoniques de ces compositeurs, et les aspects modernes de leur musique, au même titre qu’une transcription finalement. Ainsi, on perçoit le raffinement d’écriture, la tendresse, l’humour parfois présents dans ces trois pièces de Couperin qui entament le concert, ainsi que la finesse du contrepoint et la densité orchestrale qui se dégage de la célèbre Nouvelle Suite en la de Rameau.
Au programme vient se glisser un rouge-gorge subtilement tracé en quelques coups de crayon par Olivier Messiaen. Son intérêt pour l’ornithologie l’a conduit à prendre en dictée différents chants d’oiseaux et les intégrer dans son discours musical. Ainsi, son Rouge-gorge, extrait des Petites esquisses d’oiseaux, s’exprime dans un paysage dépeint par ses fameux accords couleurs, et devient à lui seul un véritable petit bijou de poésie.
Le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel, composé durant la première guerre mondiale, est constituée de six pièces (Prélude – Fugue – Forlane – Rigaudon – Menuet – Toccata), chacune dédiée à des amis musiciens du compositeur tombés au combat. Ravel se positionne avec ce cycle comme un parfait héritier de Rameau et Couperin, réutilisant modes d’écritures, danses et genres anciens. À travers son Tombeau de Couperin, Ravel rend en réalité hommage à toute la musique baroque française. Clément Lefebvre
Programme
Le Tombeau de Couperin
Mercredi11
Avril
2018 18:00
Adresse
Mairie du 9e arr. de Paris, Salle Rossini 6-8 rue Drouot75009 Paris