Présentation

« Le génie de Chopin est le plus profond et le plus plein de sentiments et d’émotions qui ait existé, -écrit George Sand qui, mieux que quiconque sans doute, connaissait l’homme et l’artiste-. Il a fait parler à un seul instrument la langue de l’infini […]. Il n’a jamais eu besoin de grands moyens matériels pour donner le mot de son génie. […] Pendant huit ans, en m’initiant chaque jour au secret de son inspiration ou de sa méditation musicale, son piano me révélait les entraînements, les embarras, les victoires ou les tortures de sa pensée… »

Œuvres composées à Nohant aux côtés de Georges Sand entre 1839 et 1842, la 2^e Sonate, 4^e Ballade, Fantaisie, Polonaise « Héroïque » et Polonaise-Fantaisie sont tous des chefs-d’œuvre de genre.

Visionnaire, la 2^e Sonate, dont la marche funèbre a assuré l’immortalité, ouvre le concert. Ensuite vient le voyage qu’est la 4^e Ballade, constituée d’un élan expressif inexorable et de souterrains polyphoniques riches et complexes ; elle partage le Fa mineur de la Fantaisie, dont les nombreuses formules improvisées illustrent bien les « ailes prismatiques » dont parle Liszt pour définir l’art de son ami.

Puis pour finir, les deux Polonaises en la bémol majeur ; la première, Polonaise-Héroïque, s’est érigée en parangon du sentiment national polonais et porte plus largement les plus hauts sentiments humains qui se rassemblent dans l’idée de liberté ; la Polonaise-Fantaisie, écrite à la fin de la « course dans les étoiles » avec George Sand, elle « contient toutes les Polonaises, et elle exalte tour à tour, en les voilant de la mélancolie du souvenir, chacun des sentiments contradictoires qui les ont animées. Mais fantaisie avant toute chose, et la plus libre que Chopin ait jamais écrite » (Guy Sacre).