Présentation

En déposant à Paris en 1846 le brevet d'invention du saxophone, Adolphe Sax s'inscrit dans une tradition européenne de la lutherie et pose la première pierre d'une aventure musicale internationale maintenant séculaire.

Depuis quelques décennies, des compositeurs francophones (dont le Français Lauba, né en Tunisie en 1952, et le Russe Denisov, décédé à Paris en 1996) ont initié un modelage du langage saxophonistique par l'exploration de nouvelles techniques. Mais bien avant cela, cet instrument fut un fil d'Ariane des échanges transatlantiques ; enseigné au Conservatoire de Paris dès 1857 et redécouvert avec enthousiasme aux États-Unis avec les balbutiements du jazz, il cristallise jusqu'à nos jours les influences entre musiques de traditions écrites et orales de nos deux continents. Denisov se laisse ainsi séduire par le be bop et le free jazz dans sa Sonate tandis que Williams s'essaie à la forme académique du concerto dans la bande originale du film Catch me if you can.

Le répertoire original du saxophone trouve ses racines dans l'œuvre de compositeurs français du XIXe siècle et s'épanouit avec les commandes faites aux grands noms de l'aube du XXe siècle (dont Debussy, qui laissa une Rhapsodie, Jolivet, auteur d'une Fantaisie Impromptue, et Jacques Ibert). L'art de la transcription offre parallèlement de multiples opportunités d'élargir ce répertoire en voyageant au sein de l'œuvre de ces mêmes compositeurs. Ainsi, des pièces de Debussy, Jolivet et Britten pour flûte ou hautbois sont ici proposées dans une autre version.

Résonnant comme des clins d'œil à l'aspect mythologique du saxophone, égérie des temps modernes, ces portraits panthéoniques jalonnent ce concert.