Concert

Peut-on vivre sans romantisme ?

Léo Guiguen |
Thibault Maurin |

Présentation

On dit très souvent du violoncelle qu’il est l’instrument parfait pour se substituer à la voix lyrique. Néanmoins, c’est peut-être lorsque que sa sonorité si particulière s’entremêle à la polyphonie du piano qu’on parvient vraiment à la quintessence de l’émotion et des sentiments magnifiés par cet instrument.

À l’occasion de ce concert au musée Guimet, c’est un répertoire expressif et aventureux que nous vous proposons. Pour entamer notre programme, le romantisme allemand, initié par la « Génération 1810 », est mis à l’honneur. Robert Schumann compose ses Fantasiestücke opus 73 en 1849. Caractéristique des nombreux états d’âme du compositeur, cette œuvre en trois mouvements alterne entre des moments d’exaltation et des passages intimement sombres. Habité par la passion, mais consumé par la folie et le chagrin, Schumann nous offre un monument dont la musique est le substrat de sa créativité infinie.

Dans la lignée des sublimes Fantasiestücke, la deuxième sonate de Johannes Brahms est différente, mais pas moins magique. Composée 23 ans après sa première sonate, on y relève une empreinte de nostalgie en même temps qu’un émerveillement pour les paysages aquatiques. Brahms, âgé alors de 53 ans, est apaisé. Il relate dans son œuvre son désir de retrouver les terres autrefois visitées dans sa jeunesse, dont pour la plupart il n’a que de vagues souvenirs. Mais il ne regrette rien, il se laisse aller à la contemplation pure, profitant des choses simples. Entre douceur, mélancolie et lyrisme, le génie allemand, grandement inspiré par son aîné, vient adoucir nos cœurs.

La sonate de Debussy offre quant à elle une perspective radicalement différente. Éléments entrecoupés, modes de jeu variés au violoncelle, tempo constamment mouvant, l’œuvre du compositeur français fait l’objet d’un désir particulier ; celui d’expérimenter des formes nouvelles. L’absence de longues mélodies dans le discours révèle également un point important : l’envie de s’affranchir du passé et de ses influences. Debussy, patriote dans l’âme, refuse de développer ses thèmes musicaux par opposition au style germanique. Cette volonté accrue chez le compositeur impressionniste est devenue un symbole de sa musique, véritablement identitaire et ambivalente.

Enfin, en conclusion de ce programme, la pièce « Encore » de Jérôme Ducros, est une synthèse de ce triptyque franco/allemand. Elle en rappelle de nombreux éléments, et, entre virtuosité et lyrisme total, a souvent l’effet de nous laisser sans voix.

Programme

  • Robert Schumann (1810 - 1856) ()
    Fantasiestücke, op.73 | 1849 | 1849
  • Johannes Brahms (1833 – 1897)
    Sonate pour violoncelle et piano en fa majeur n° 2, op. 99 | 1886
    Allegro vivace
    Adagio affettuoso
    Allegro appassionato
    Allegro
  • Claude Debussy (1862 – 1918)
    Sonate pour violoncelle et piano | 1915
    Prologue : Lent
    Sérénade : Modérément animé
    Finale : Animé
  • Jérôme Ducros (1974 -)
    Encore pour violoncelle et piano | 2000

Peut-on vivre sans romantisme ?

Mercredi
30
Novembre
2022
20:00

Adresse

Musée Guimet 6 place d'Iena 75016 Paris