Présentation

L’univers de la musique populaire a souvent exercé une forte source d’inspiration chez les compositeurs de musique dite savante, depuis l’époque baroque jusqu’à nos jours.
Johannes Brahms et Joaquín Turina, bien que de nationalités et d’époques différentes, partageaient cette fascination pour le folklore de leur pays et cette volonté de l’intégrer à leur musique, notamment à travers la formation du quatuor avec piano, véritable laboratoire de la musique de chambre, à mi-chemin entre le huis clos du trio et la puissance quasi symphonique du quintette avec piano.

Turina naît et grandit à Madrid où il étudie le piano. Comme beaucoup de musiciens de l’époque, il se rend à Paris au début du 20e siècle où il étudie notamment la composition avec Vincent d’Indy et rencontre d’éminents personnages de la scène musicale française comme Debussy et Ravel, qui le persuadent alors de composer une musique plus consciemment espagnole.
Par la suite, son style se précise et ses œuvres se démarquent par une forte énergie rythmique, démontrant une âpreté et une verve inégalées, jamais dépourvues toutefois d’une certaine grâce. Son Quatuor avec piano opus 67 est constitué d’un grand Scherzo endiablé, entouré par deux Andante dans lesquels Turina déploie un grand lyrisme empreint d’évocations mélodiques et harmoniques andalouses.

Composé et créé en 1861 à Hambourg par Clara Schumann au piano, le premier Quatuor avec piano op. 25 de Brahms, au souffle puissamment symphonique, est immédiatement un succès. Si seul son dernier mouvement fait référence au folklore hongrois, l’Allegro initial de l’œuvre touche en plein cœur par son climat tourmenté, alternant entre moments de colère, de profonde nostalgie et de joie contagieuse.
À l’écoute de son célèbre Finale – Rondo alla zingarese, le violoniste Joseph Joachim, qui éprouve le même amour que Brahms pour la musique folklorique hongroise, observa, impressionné et non sans ironie : « Dans le dernier mouvement, tu m’as battu sur mon propre terrain ».