

Vent de tourmente
Présentation
Nous n'aurions certainement pas choisi une telle thématique il y a quelques mois. Nous avons considéré qu'en période de crise, le rôle de l'art en général n'est pas seulement d'extirper les hommes de la réalité en leur offrant des moments d'évasion loin du monde extérieur. L'art, la musique, peuvent également illustrer les tourments de leur époque, et amener un regard plus critique ou plus serein sur la réalité d'une crise.
Au travers de ce choix de programme, nous souhaitions présenter au public de quelle façon deux immenses compositeurs ont traduit musicalement les tourments qui les habitaient. Cette 7e sonate pour violon et piano de Beethoven est sûrement sa plus sombre et sa plus agitée. Il la compose dans une des périodes les plus riches de son existence, que certains musicologues nomment « période héroïque ». Beethoven fait alors entrer l'histoire de la musique dans le romantisme, en traduisant en musique les tourments de l'esprit humain, déchiré entre ses passions intérieures et sa quête d'humanité et d’universalité, le « Sturm und Drang ».
Le Kaliyuga – nom donné à la pièce de Cyril Van Ginneken – est la dernière et actuelle époque du cycle hindou. Les Hindous croient que la civilisation humaine dégénère spirituellement au cours du Kali Yuga, autrement dit « l'âge noir », car durant cette période les gens sont aussi éloignés que possible des Dieux. Le Kali Yuga est celui où les êtres souffrent le plus, et où ils sont les plus nombreux à souffrir, et ce faisant, où il est plus facile d'atteindre la délivrance des réincarnations (moksha).
Prokofiev prendra huit années (1938-1946) pour composer sa 1ère sonate qui compte parmi les plus instables et les plus sombres qu'ait connues notre histoire. La sonate est pleinement empreinte de son époque de crise, traduisant tantôt le « vent sur les tombes », comme le disait le compositeur lui-même, et la marche infernale des machines de l'industrie, la guerre et la désolation. On pourrait croire ces deux œuvres défaitistes et sombres, mais il n'en est rien. Au-delà des constats réalistes que font ces deux compositeurs vis-à-vis de leurs époques, ils insufflent un message d'espoir au sein de leurs œuvres : affronter la réalité avec force et franchise, afin de changer son destin, ou celui de son espèce. Pourrait-on alors considérer ces deux pièces comme un éloge au courage ?
Duo Vedanā
Programme
- Ludwig van Beethoven (1770 – 1827)
Sonate n° 7 en do mineur pour violon et piano, op. 30 n° 2 | 1802
Allegro con brio
Adagio cantabile
Scherzo – allegro
Allegro - Cyril Van Ginneken (1996)
Kaliyuga I | 2020
(création mondiale) - Sergueï Prokofiev (1891 – 1953)
Sonate n° 1 en fa mineur, op. 80 | 1846
Andante
Allegro brusco
Andante
Allegrissimo
Vent de tourmente
Samedi26
Septembre
2020 18:00