

Visions, Illusions, Collisions
Présentation
Visions d’un mysticisme singulier, la Cinquième Sonate forme le penchant musical du Poème de l'Extase, cet ouvrage poétique qui sortit de la plume de Scriabine (1871-1915) comme s’il eût été guidé par l’attraction de la musique qui mûrissait dans son esprit. Dans ces pages appartenant à un monde étrange, les sons s’entremêlent et les apparitions s’étendent du chaos à l’au-delà, dominées par un « ténébrisme lumineux » qui laisse comme une traînée de feu dans l’imagination, admirablement mêlée avec la crainte, l'indécision, l’effroi et l'abandon.
Illusions de vagues et d'écume, Une Barque sur l'océan immerge l'auditeur dans un univers maritime miroitant, ondoyant dans sa prodigieuse alchimie, où les effets sonores aux reflets miroitants, les oppositions de dynamiques entre la profondeur des sonorités graves et le scintillement du registre aigu, le jeu de Ravel (1875-1937) sur les timbres si personnel et moderne, confèrent à ces pages une puissance évocatrice immédiate.
Voyageur infatigable, en quête permanente de découvertes et à la croisée des plus importantes traditions musicales de son époque, J. J. Froberger (1616-1667) nous offre la possibilité d’ouvrir un hublot singulier et personnel sur l’histoire de son existence, à travers les véritables récits d’aventures portés en incipit de ses œuvres, carnets intimes de ses cheminements. Dans ce sillage, la Partita en la mineur recèle de détails sur les péripéties de son séjour à Londres et les rebondissements de ses mésaventures, emplissant de visions et sentiments une musique aussi touchante de mélancolie que relevée de caractère, comptant parmi les premières œuvres descriptives et programmatiques parvenues jusqu’à nous.
Criant son angoisse et sa révolte pour contrer les sinistres augures assombries par l'imminence de la guerre, Prokofiev (1891-1953) ne supporte ni subir, ni contempler. Avec impétuosité et fureur, plongeant le spectateur dans le tourbillon de ses quatre mouvements, la Sixième Sonate fait entrer en collision espoirs, illusions et désillusions, à la violence obsédante des tocsins et la dislocation des engrenages de guerre, entrecoupés par l’élégie désespérée des souvenirs heureux et du désir de survie. Prokofiev, l’enfant terrible, donne à sa musique une armature en acier, précipitant inexorablement les forces vers l'affrontement d’un monde qui se désagrège, et bravant tout au nom de l’espoir.
Marie-Ange Nguci
Programme
- Alexandre Scriabine (1872 – 1915)
Sonate n°5, en fa dièse majeur, op. 53 | 1907
- Maurice Ravel (1875 – 1937)
Miroirs (extrait) | 1904
Une barque sur l’océan - Johann Jacob Froberger (1616 – 1667)
Suite XXX en la mineur (extrait) | 1650
Plaincte faite à Londres pour passer la Melancolie la quelle se joüe lentement et à discretion - Serge Prokofiev (1891-1953)
Sonate n°6 en la majeur, op. 82 | 1939 - 1940
Allegro moderato
Allegretto
Tempo di valzer lentissimo
Vivace
Visions, Illusions, Collisions
07
Juillet
2019 18:00